Rechercher dans ce blog

03 février 2014

Papier contre écran, le match


L'explosion des tablettes, plus que celle des liseuses a donné une autre dimension à la lecture.

Il m'a semblé intéressant de faire le point sur les avantages et les inconvénients de ces deux formes de lecture.

L'ancienne héritée de la fin du moyen-âge et celle, plus actuelle que nous ouvrent les nouvelles technologies.

Poids

Une liseuse ou une tablette pèsent entre 150 et 700 grammes. Un livre pèse autour de 500 grammes, mais le poids peut être très variable, allant de quelques grammes pour les livres lilliputiens à des dizaines de kilogrammes.

En situation de lecture, lorsqu'on lit, on peut considérer que les poids à tenir en main sont équivalents.

je propose donc de placer à égalité livre et tablette. Cependant, en situation de déplacement, pour les gros lecteurs qui peuvent avoir besoin de plusieurs livres durant leur voyage, l'avantage revient très nettement à la tablette ou à la liseuse puisque pour le même poids, on peut emporter plusieurs livres.

Disponibilité

À moins de se transformer en bibliothèque ambulante, comme cette jeune femme de Ramsgate (UK) qui prêtait des livres pour deux pence à la semaine, il est difficile d'avoir toujours sous la main les ouvrages que l'on souhaite avoir à portée de main, par exemple les usuels, dictionnaires et livres de référence.

 Lorsque l'on voyage en avion, il est possible d'emporter en cabine de nombreux ouvrages avec le livre numérique. En revanche, impossible de les utiliser pendant les phases de décollage ou d'atterrissage, contrairement au livre papier.

Dans une seule liseuse ou tablette, on peut disposer de centaines ou de milliers de livres disponibles à tout moment.
Il est même possible d'acquérir, emprunter et télécharger l'ouvrage convoité en quelques secondes du moment que l'on dispose d'une connexion Internet.

En ce qui concerne la disponibilité, victoire très nette du livre électronique.

Coût

Les livres électroniques sont généralement un peu moins chers que les versions papier. Cette différence de prix, souvent minime ne constitue cependant pas un argument pour ce qui concerne la littérature contemporaine. Par contre, en ce qui concerne la littérature historique, la plupart des grands auteurs sont disponibles gratuitement ou pour une toute petite somme.

Par exemple, quel plaisir de pouvoir disposer gratuitement de l'intégrale des 109 ouvrages de Voltaire dans un seul ouvrage.

Il faut compter l'acquisition de la liseuse. On en trouve pour une cinquantaine d'euros. Pour les gros lecteurs ou pour ceux qui souhaitent lire des ouvrages entrés dans le domaine public, cet investissement est très rapidement remboursé. Les tablettes coûtent plus cher, mais elles ont bien d'autres usages que la seule lecture et par conséquent on peut considérer que seule une partie de leur pris doit être imputé à la fonction lecture. Je donne donc le point au livre numérique.

 Consommation énergétique et empreinte environnementale



La lecture d'un livre sur papier à la lumière naturelle ne consomme pas d'énergie. Par contre, dès que cette lumière baisse, il faut prévoir une source d'éclairage. Cela est aussi nécessaire avec certaines liseuses qui ne sont pas rétroéclairées, mais totalement inutile pour les liseuses et tablettes rétroéclairées qui permettent de lire dans le noir complet. Elles peuvent même servir à éclairer ses déplacements nocturnes quand on ne veut pas déranger son voisin de sommeil.

Il faudrait aussi tenir compte de l'énergie nécessaire à la fabrication des livres et de la tablette.  Le livre papier cède la place au livre numérique à partir d'une vingtaine d'exemplaires sur une tablette qui demande environ 130 Kg équivalents carbone durant sa vie (dont seulement une partie est à usage de lecture). La moyenne des utilisateurs disposant de 300 livres, le bilan semble positif pour la tablette en ce qui concerne les gros lecteurs.

L'empreinte environnementale concerne aussi la pollution générée par la fabrication du papier, la destruction de forêts (1 page sur 5 est encore imprimée sur du papier provenant de forêts non gérées) et la grande quantité d'eau nécessaire reste un problème. Le papier recyclé pose d'autres problèmes. Il est recyclable cinq fois, mais les coûts de collecte, le désencrage et les traitements chimiques nécessaires ne le rendent pas si écolo que cela. On peut aussi faire des meubles avec les livres recyclés comme ici pour le comptoir de la TU Delft architecture bibliotheek aux Pays-Bas.

Si on rajoute les problèmes liés au transport des livres, on relativisera la neutralité écologique du papier... Les liseuses et tablettes posent aussi des questions pour leur fabrication et leur recyclage, mais cela est assez bien géré. Par contre, il est assez difficile d'estimer l'empreinte réelle de la mise à disposition dans le nuage de tant de livres.

Je propose donc un match nul...

Qualité d'affichage

 Le livre papier est souvent considéré comme offrant une excellente qualité d'affichage. Cela reste cependant à relativiser, car certaines éditions sur du papier de mauvaise qualité, des polices peu lisibles ou trop petites restent difficiles à lire.
Du côté du livre électronique, la lisibilité des premières liseuses était assez médiocre. Elles demandaient de l'éclairage et le contraste était assez moyen.
En revanche, elles permettaient, comme les nouvelles liseuses et les tablettes d'agrandir la police de caractère, voire de la changer. Il est également possible de varier la couleur de fond et d'inverser les couleurs pour les mal voyants (texte clair sur fond sombre, par exemple).

Je concède aux livres papier haut de gamme une très grande qualité dans la reproduction des images et éventuellement une taille beaucoup plus grande que les tablettes.

Encore un match nul.


Fonctionnalités

Les livres papier sont pour le mieux dotés d'une table des matières et des illustrations et parfois différents index. Les pages et les illustrations sont généralement numérotées. Des notes de bas de page, de fin de chapitre ou de volume enrichissent aussi le parcours lexique. Ils possèdent parfois des signets et il est possible de marquer les pages et de prendre des notes. On peut aussi arracher des pages et s'en servir pour d'autres usages.

Les livres électroniques possèdent les mêmes fonctionnalités, sauf peut-être la toute dernière qui est cependant généralement considérée comme peu civilisée.

Un livre électronique comporte une table des matières qui a en plus l’avantage d'être cliquable, ce qui permet d'atteindre directement le chapitre sélectionné.

La lecture des notes dans un livre électronique permet de revenir par un lien inverse au point de la lecture ayant appelé la note. Les signets peuvent être multipliés et devenir des repères dans l'ouvrage, comme les post-its et autres signets.

Il est possible de copier du texte ou des images pour les utiliser à un autre endroit (avec certaines limitations suivant les supports liées aux droits d'auteur). Il est possible de rajouter des commentaires et de surligner. Avec certaines liseuses, ces commentaires et notes sont partageables. On peut ainsi savoir que x personnes ont aussi apprécié ce passage.

La recherche en texte intégral est aussi un gros atout du livre numérique. Avec un livre papier, pour retrouver un passage, une citation, il faut se fier à sa mémoire visuelle. Avec le livre électronique, il suffit de faire une recherche sur les mots clefs souhaités pour retrouver toutes les occurrences de l'ouvrage.

Les liseuses numériques donnent généralement accès à un dictionnaire incorporé, même sans connexion. Pour en savoir plus, elles permettent l'accès à des encyclopédies en ligne, voire tout simplement à Internet.


Donc, en matière de fonctionnalités, le livre numérique bat à plate couture son homologue papier. C'est d'ailleurs assez logique et dans le droit fil de l'évolution de la lecture.


Démocratisation de la culture

L'histoire de la lecture, c'est aussi une évolution su support de la lecture. Les premiers supports, l'argile et la cire par exemple étaient difficiles à conserver et ne permettaient pas de stocker un gros volume d'information.

L'arrivée du volumen sur matériau souple a rendu possible la conservation de textes plus conséquents. L'exemple des manuscrits de la mer morte en est un excellent exemple.

L'invention du codex et du parchemin a permis d'avoir des ouvrages plus solides et surtout a offert l'accès aléatoire au texte. Contrairement aux rouleaux des volumens, il est désormais possible d'aller directement à la fin de l'ouvrage en tournant d'un coup un grand nombre de pages. Cela autorise la création de tables des matières efficaces. Le système du codex est celui qu'utilisent nos livres actuels.

L'imprimerie a permis une diffusion plus facile des ouvrages en permettant la duplication des livres en grande qualité sans avoir recours au pénible, mais combien précieux travail des copistes.

L'invention de l'imprimerie a donc été un épisode démocratique puisque le prix du livre a baissé et que les sujets se sont diversifiés, dans la mesure où ils sont moins sujets à la censure (cela de façon toute relative suivant les pays et les époques).

Le livre électronique est une nouvelle évolution qui permet, outre les fonctionnalités nombreuses déjà évoquées, une meilleure démocratisation de la lecture. En effet, le livre électronique est moins cher à acheter, mais aussi à produire. Cela permet la production d'ouvrages qui n'auraient pas passé les barrières de l'édition traditionnelle. Quand on connaît les déboires de J.K. Rowling pour son cycle d'Harry Potter, on se dit que les processus de sélection mis en place par les éditeurs papier sont perfectibles. Avec le livre électronique, on voit apparaître une édition à compte d'auteur beaucoup plus accessible. Je prendrai l'exemple d'un auteur très intéressant, Christophe Trouslard. Cet enseignant a décidé de publier sous forme électronique son roman "Surchauffe au Paradis". Cet ouvrage a rencontré un tel succès qu'il a par la suite été édité sous forme papier, avec un titre d'ailleurs plus banal "Les braises de la colère".

Le livre électronique est donc une démocratisation de la culture en rendant plus facile l'accès à plus d'ouvrages. De plus, pour les élèves, son abord est plus commode et attractif. Je me souviens qu'il y a une dizaine d'années, la plupart des gens imprimaient ce qu'ils avaient à lire, y compris leurs mails. Aujourd'hui, très peu continuent de le faire. En 10 ans, on s'est habitué à lire sur écran.

Dans certains États des USA, l'écriture manuscrite est devenue une option. Dans dix ans, on trouvera assez curieux de prendre un stylo...

Je donne donc l'avantage au livre numérique. Même si tout le monde n'en a pas encore conscience, il ne peut que favoriser l’essor de la lecture. 


Partage

Le plaisir de la lecture, c'est aussi le plaisir de partager un ouvrage. Le livre papier se prête très bien à cet usage. Le risque est bien sûr de perdre l'ouvrage que l'on aime, mais avec un réseau d'ami de confiance, c'est très agréable.

Il est possible de partager des livres électroniques avec des proches, par exemple en partageant le même compte sur l'application de lecture. Il faut reconnaître cependant que c'est moins pratique, sauf que l'on conserve la possibilité de se reporter au livre prêté.

Il existe désormais des sites de partage de livres électroniques, mais ce n'est pas encore très développé (je ne parle pas des sites de piratages qui privent les auteurs de leur rémunération et qu'il convient donc de fuir).

La connexion au nuage permet "l'autopartage". Par exemple, il peut arriver que vous lisiez un livre sur une tablette, puis sur une liseuse ou un ordinateur, voire un téléphone portable. La fonctionnalité de synchronisation permet de retrouver vos signets et la dernière page lue, quel que soit le dispositif. C'est très pratique pour les nomades bien équipés...

Signalons que certaines liseuses permettent de partager sur les réseaux sociaux des passages du livre en cours de lecture. C'est une forme de convivialité sympa pour qui n'est pas trop attaché à sa vie privée...

Si les différentes liseuses et applications de lecture lisent différents formats, dont l'e-pub et le PDF, il reste encore la question de formats propriétaires qui peuvent limiter les échanges.

Je mets le point au livre papier, car il porte une convivialité que n'a pas encore le livre numérique et pour cette belle pratique qui consiste à laisser un livre, par exemple sur un banc pour qu'il poursuive sa vie avec un nouveau lecteur...

Score final



Chacun des lecteurs de cet article pourra avoir un classement différent. J'ai essayé d'être aussi objectif que possible, mais je le reconnais avec un fort enthousiasme pour la lecture sur tablette. N'aimant pas porter de lunettes et lisant beaucoup, je dois reconnaître que le confort de lecture sur une bonne tablette n'a pas d'équivalent et je souffre vraiment quand je dois revenir au papier.
Je commence à reconstituer ma très riche bibliothèque de plusieurs milliers de titres sur papier au format numérique. Je redécouvre le plaisir de relire des livres qui m'avaient passionné sur papier.

Alors, et vous, papier ou numérique ?